
Sur les bancs d’école, ma fille de sept ans rêve d’hydravions : « Un avion qui n’a pas peur de l’eau, il brille comme la surface d’un lac en été gris. » Cette imagination pure m’a fait réaliser : et si on guidait nos enfants pour creuser encore plus loin ? Taylor Gordon Lunt aurait raison de dire qu’une IA actuelle n’aurait jamais inventé cette métaphore ; elle manipule des mots déjà connus, tandis qu’un cerveau d’enfant plonge au fond des idées. Son article rappelle une vérité toute simple : les LLM brillent dans la pensée superficielle mais se perdent quand il faut questionner, créer. Alors, comment transformer ce constat en levier éducatif plutôt qu’en source d’inquiétude ?
Un compas dans la mer des réponses toutes prêtes : comment nourrir la réflexion profonde ?

Imagine ta petite exploratrice demander à un chatbot : « Quelle est la couleur du vent ? ». La machine répondra quelque chose de correct, peut-être même joli, mais vide. Elle n’aura pas senti ce frisson quand la brise caresse nos joues en rentrant de l’école. Le labo Apple le confirme : brouille un seul symbole mathématique, et la performance s’effondre comme un château de cartes. La leçon ? Les cahiers, crayons, et cailloux ramassés sous le cèdre gardent vivante la réflexion profonde que l’algorithme ne peut imiter.
Pour nous parents, ça soulage ! On n’a pas besoin d’offrir à la tablette le monopole des « bonnes réponses ». Propose plutôt un jeu en deux temps : pose la même question à l’IA, puis teste-la ensemble dans le monde réel. « Le vent est-il vraiment coloré ? » Ramène un panier de feuilles séchées ; voilà une discussion bien plus riche que n’importe quel prompt sur internet.
La bascule naturelle vers le « système 2 » : astuces familiales accessibles

Les chercheurs parlent de « système 1 rapide » et « système 2 lent ». Même quand on pousse un LLM à répondre étape par étape (le fameux chain of thought), il reste en surface sans inventer de nouveaux postulats. Pour nos enfants, c’est l’inverse : ils basculent facilement en mode « gros effort ». L’astuce, c’est de cultiver cette habitude sans forcer, comme un jeu.
Et toi, comment encourages-tu la curiosité chez ton enfant ? Voici trois pistes qui ont marché chez nous :
- Micro-paris rigolos : « Je parie que le robot oubliera son parapluie demain ! Et si on lui en dessinait un, comment l’utiliserait-il ? » Inventer demande de creuser.
- Bloc-notes des questions impossibles : une page dans le cartable pour noter les interrogations farfelues. Chaque dimanche, testez-en une avec des feuilles ou pieds nus dans l’herbe.
- Moments de calme partagés : 5 minutes de silence ensemble, à écouter son cœur battre avant d’allumer un écran. Ce petit pause active la réflexion profonde naturellement.
Transformer les lacunes en terrain de jeu : l’esprit critique sans stress
La faille entre réponse immédiate et réflexion lente est en fait une opportunité. Quand l’IA cafouille sur une question « sérieuse », lance un jeu en trois étapes : 1) repère l’erreur logique, 2) imagine une solution créative à la maison, 3) partagez le défi. Exemple : Siri s’embrouille avec un problème de maths incluant un chien en trop ? Reformulez-le avec des cubes colorés, puis défiez deux copains avec votre chien en bois. Soudain, l’erreur n’est plus intimidante ; elle devient un terrain d’aventure.
Un papa se questionne souvent : « Et si l’IA transformait les métiers ? » Mon antidote anti-stress : recentrer sur l’essentiel. Les emplois de demain réclameront cette vraie curiosité – connecter des idées disparates, imaginer l’inconnu. Or, un enfant qui apprend dès maintenant à explorer des sentiers non balisés sera prêt.
Idées concrètes pour la maison : simples et ludiques
Pour intégrer l’habitude d’aller plus loin que l’écran :
- Carte du doute : notez ensemble quand un robot répond trop vite. Trois erreurs détectées ? Goûter surprise concocté avec des ingrédients improbables… récompense rigolote, créativité débordante !
- Parcours inverse : prenez une réponse d’IA, et inventez ensemble la question qui aurait dû la produire. Riez si vos mots butent ; c’est là que l’esprit critique s’entraîne.
- Une intuition d’enfant : ce matin, un brouillard doux enveloppait notre ville. Ma fille a demandé si un bateau volant irait plus vite dedans. On a testé avec du papier attaché à un fil. Surprise : elle a conclu qu’un « bateau d’idées » est plus léger qu’un « bateau de certitudes ». Gordon Lunt aurait adoré !
De chaque faille, une aile pour l’avenir
Aider nos enfants à voir la superficialité des réponses instantanées, c’est leur offrir la clé pour que leur curiosité s’envole comme un hydravion. Chaque fois qu’un LLM s’arrête, c’est une invitation à plonger dans des eaux plus profondes. Ce soir, pourquoi ne pas griffonner une question « impossible » sur un post-it avec eux, marcher pieds nus dans l’herbe humide, et laisser le silence parler plus fort que n’importe quel algorithme ?
Un souffle d’espoir : quand nos enfants apprendront à creuser, l’embarras des machines superficielles deviendra leur trampoline idéal.
Source : Shallow vs. Deep Thinking – Why LLMs Fall Short, LessWrong, 2025/09/03
