
Un ciel d’azur quelque part, une brise légère qui pousse les petits nuages vers la mer : c’est sous un bel été indien qu’arrive la confidence d’Aravind Srinivas, le fondateur de Perplexity. « Le progrès ne vient pas de rendre l’IA plus “humaine”, mais de nourrir la curiosité de ses utilisateurs. » Aussitôt, j’imagine ma fille en train de lancer « pourquoi ? » en chaîne, comme elle sait le faire depuis qu’elle a trois ans. Et si l’outil qu’il propose devenait, entre de bonnes mains familiales, un tremplin vers des journées encore plus éclatantes de questions, de recherches et de rires ?
1. L’anti-hype de Perplexity : une IA qui cite ses sources et pousse à la suite

Contrairement aux sirènes qui promettent un assistant tout-sachant, Srinivas parie sur la précision. Chez Perplexity, chaque réponse est accompagnée d’une référence claire, et le bouton « demande suivante » clignote déjà, comme un petit copain qui souffle : « Et sinon, tu as pensé à ça ? » Résultat : l’enfant n’est pas « scotché » à une réponse toute faite, il repart en chasse.
Petit test vite fait : on tape « Pourquoi les lucioles brillent-elles ? ». La réponse arrive, courte, sourcée. Et hop, la question d’après surgit : « Est-ce que toutes les lucioles vivent en Corée ? » Pas besoin d’être devin : la boucle d’exploration s’enclenche toute seule. Pour les parents, c’est l’occasion de montrer qu’on juge une info non par son éclat mais par sa source — une leçon de citoyenneté numérique enrobée de magie.
Etudes à l’appui : la recherche MIT sur la « dose optimale de curiosité » révèle qu’un agent trop curieux devient distrait, mais qu’au bon niveau il apprend plus vite et généralise mieux. Traduction familiale : un outil qui suscite juste assez de questions pour qu’on reste concentré, pas assez pour qu’on décroche en route.
2. Comment transformer le salon en laboratoire de questions ?

Inutile d’investir dans un telescope quand on possède déjà une boîte à biscuits vide. Voici trois mini-petites expériences testées « sur le coin de la table » : Alors, on essaie ?
1. La chasse au « pourquoi » en collier
Chaque soir, on note sur un masking-tape coloré la dernière question qui brûle les lèvres de l’enfant. On l’affiche sur le mur. Le lendemain, on ouvre Perplexity (ou Wikipédia, ou la bibliothèque) et on regarde si la réponse tient debout. À la fin de la semaine, on relie les bouts de ruban : un collier de curiosité qui matérialise le fil d’Ariane de la pensée — visible, brillant, fiers.
2. Le défi « résumé en 30 secondes »
Les moteurs citent parfois trois pages. Objectif : résumer le passage clé à voix haute avant que le sable du minutelet n’ait coulé. L’enfant apprivoise le vocabulaire, les parents redécouvrent leur concentration. Match nul garanti si Papa dépasse le temps !
3. Le doute raisonné
On choisit une source, puis on cherche une seconde qui dit « presque pareil » ou « le contraire ». On compare auteurs, dates, contexte. Comme deux cartes différentes du même parcours, l’idée est de montrer qu’une information est un point de vue, pas une évangile. Étonnant comme cette gymnastique rend l’enfant plus relax quand il se trompe — il saura revenir vérifier.
3. Créer la boucle d’or : question → exploration → partage

Les travaux de l’arXiv sur la curiosité artificielle montrent qu’un agent apprend mieux quand la récompense interne (« j’ai découvert quelque chose ») se mêle à la récompense externe (« on m’a félicité »). Chez nous, la récompense externe, c’est le partage. On termine donc chaque session par une « mini-conférence » : l’enfant présente son nouvel apprentissage à un parent ou un ami. Expliquer, c’est déjà ré-apprendre — et ça cimente la confiance.
Astuce bonus : laisser l’enfant choisir le mode de présentation. Affiche dessinée ? Chanson inventée ? Powerpoint avec trois chats en gif ? Peu importe : la curiosité qui devient créativité, c’est là qu’elle signe sa plus belle signature.
4. Comment gérer l’écran sans briser la magie ?

Mais attention, cette curiosité ne doit pas rester captive de l’écran. Srinivas insiste : « La curiosité ne remplace pas l’expérience directe. » Une recherche Perplexity sur les étoiles ne remplacera jamais la contemplation d’un ciel dégagé, plaid en bandoulière et verre de cacao tiède. Le truc, c’est la transition :
– Règle des deux « E » : Écran = Enquête, puis Expérience. On cherche, on note trois mots-clés, on ferme la tablette, on court dehors. Mesurer l’ombre d’un bâton à midi ? Observer les lucioles après 20 h ? Le lien numérique-réel devient évident, sans morale pesante.
– Minuteur visuel : un sablier de 5 minutes suffit souvent. Quand le dernier grain tombe, on se rue vers le jardin ou la cuisine : la curiosité se goûte aussi avec les mains.
– Parents inclus : on pose ses propres questions, on montre qu’on n’a pas la science infuse. Une fois n’est pas coutume, l’enfant adore « sauver » la partie quand Papa bloque sur la différence entre libellule et demoiselle.
5. Vers un avenir où chacun se fact-check en famille
Srinivas rêve d’un monde où « chacun peut vérifier n’importe quelle information par lui-même ». Imaginez un futur où nos enfants, armés de curiosité, deviennent des gardiens de la vérité—quel héritage joyeux ! Grands mots ? Pas tant. Si, dès l’école primaire, l’habit de sourcer et de comparer est ancré, l’adolescent de demain sera moins malléable aux rumeurs. Et l’adulte du futur, candidat ou électeur, saura cliquer sur « vérifier la source » avant de partager. Commencer tôt, c’est semer en territoire fertile.
Pourquoi ne pas lancer ce soir, autour d’un bol de senteurs d’été, le défi « 3 sources ou gage » ? Celui qui avance une affirmation doit produire trois appuis sous 60 secondes. Perdant ? Il raconte une blague coréenne ou prépare le dessert surprise. Riez, jouez, et la curiosité entrera sans frapper — elle aura déjà la clé.
Source : Perplexity CEO Says Curiosity, Not Hype, Will Shape AI’s Future, Forbes, 2025/09/05
