Septembre étire ses derniers jours de lumière presque estivale. Dans la cuisine, une pomme coupe l’air d’un crac juteux pendant qu’au salon, une voix synthétique propose à ma puce de « continuer l’histoire » qu’elle invente avec son héroïne. J’hésite deux secondes : la laisser poursuivre ou couper court ? C’est là que le symposium sur l’IA, qui s’est tenu à Londres début septembre, me revient comme une évidence. Les experts y ont martelé un mot : dignité. Pas question de laisser l’algorithme écrire seul l’avenir de nos enfants. Des institutions, gardiennes de longue date de nos valeurs communes, nous invitent à tenir la main du robot pour qu’il serve et ne domine pas. Alors, comment fait-on, concrètement, quand on n’est ni théologien ni ingénieur ? Et vous, comment gérez-vous ces moments ? On peut commencer par se réchauffer les doigts autour de quatre clés, rien que ça.
1. Comment flairer l’humanité derrière chaque code de l’IA ?
Imaginez l’IA comme une boîte de crayons de couleur : plus on y ajoute des teintes humaines – compassion, justice, espérance – plus le dessin final ressemble à la famille de demain. Or, selon un chercheur cité au symposium, la « démocratisation de l’IA » ne signifie pas « offrir un super-crayon à tout le monde » mais « veiller à ce que personne, surtout pas les plus petits, n’en soit exclu ». En clair : si une appli refuse de reconnaître la voix d’un enfant parce qu’elle est trop aiguë, elle l’exclut. Refusons ce genre de scénario inégalitaire !
Piste de jeu pour la maison : testez avec vos loupiots un générateur de compliments. Avant de cliquer, demandez : « Est-ce que cette phrase peut réconforter la maîtresse, le copain timide, la dame du marché ? » Si oui, on l’imprime et on la glisse dans la boîte à tartines. Le code devient subitement une caresse.
2. Comment protéger l’espérance face aux risques de l’IA ?
Le « parrain » de l’IA, Geoffrey Hinton, brandit un chiffre qui donne le vertige : 10 à 20 % de probabilité que l’humanité s’efface d’ici trente ans si l’on perd le contrôle. Forcément, quand on lit ça, on a envie de serrer nos petits contre nous comme des trésors. Pourtant, un des intervenants refuse le découragement : les cadres éthiques sont justement là pour nous guider jusqu’à ce qu’un code moral universel naisse. Traduction pour nous, les parents : notre rôle, c’est d’élever des enfants avec une boussole intérieure, pas des bulles fragiles. Alors on respire un grand coup, et on transforme l’anxiété en petits gestes concrets.
- On alloue un créneau « questions-réponses monstres » : dix minutes par semaine où l’on note une peur sur un papier et on la déchire en mille morceaux. Un rituel rassurant, garanti sans écran.
- On pratique le « doute en duo » : l’enfant pose une question existentielle, le parent répond honnêtement « je ne sais pas tout, mais je sais que nous sommes ensemble et que nous nous aimons ». Une petite phrase ancrée plus sûrement que n’importe quel pare-feu.
3. Comment inventer des « places de village numériques » pour une IA éthique ?
Souvenez-vous : autrefois, les places de village étaient le cœur battant de la communauté ; on s’y retrouvait, on négociait, on partageait. Un autre expert rappelle que certaines institutions ont toujours su faire « se parler » des gens de tous horizons. Pour l’IA, recréons ce carrefour. Organisez un « micro-atelier créatif » de quartier : les grands-parents apportent leur sagesse, les parents fixent les limites, et les enfants débordent d’imagination. Ensemble, ils pourraient nourrir un algorithme de storytelling qui génère des contes modernes ou des poèmes rigolos. Résultat ? Les seniors repartent émus, les plus jeunes comprennent que la tech n’est pas qu’un terrain de jeu pour experts, et chacun, quel que soit son âge, redevient acteur plutôt que simple consommateur.
Bonus snack : des biscuits sablés façon « CPU » (on dessine des pistes au chocolat). Croquez une puce, et la conversation démarre toute seule.
4. Comment donner aux enfants le pouvoir de lire l’éthique de l’IA ?
Le Pape François insiste sur un point : pas de développement durable sans intelligence spirituelle. Voici donc la mission la plus excitante que nous, parents d’un monde en pleine accélération, puissions confier à nos enfants : leur apprendre à débusquer le non-dit moral dans chaque recommandation ultra-ciblée. Trois questions suffisent souvent :
- Qui est absent de l’image ou de l’histoire ? (l’ami malentendant, la fille sans téléphone…)
- Quelle intention se cache derrière ? (vendre, aider, divertir, collecter des infos ?)
- Est-ce que des figures inspirantes pourraient en être fières ? (choisissez la référence qui fait chanter votre tribu)
À 7 ans, ma fille adore jouer les détectives ; elle scanne les suggestions de vidéos avec la même intensité qu’elle chercherait un trésor. Ce n’est pas une leçon de morale, juste un jeu, mais un jeu qui façonne une conscience bien réelle.
Et maintenant, dans le creux de la main…
Alors, prêt à accueillir l’IA comme un cadeau emballé dans du papier responsable ? Jetons l’élastique des peurs, tissons la corde de l’espérance. Dans notre salon, la voix robotique s’est tue ; ma fille a décidé de terminer elle-même l’histoire, plus vite, plus drôle, plus vraie. Sur l’écran, une phrase clignote : Ta suite est meilleure que la mienne. Nous voilà partis pour un nouveau chapitre, bras-dessus, bras-dessous, entre le ciel clair de septembre et les lumières de Noël qui se préparent déjà. Parce que la meilleure manière de prédire l’avenir, c’est encore de le co-écrire… avec ou sans Wi-Fi.
Source : Church’s voice ‘vital’ in guiding AI’s future, symposium experts say, Catholic News Agency, 2025/09/05