
Imaginez : des étudiants en informatique à Stanford, au cœur de la Silicon Valley, qui demandent à revenir aux examens sur papier. C’est pourtant exactement ce qu’a vécu le professeur Jure Leskovec, confronté à une « crise existentielle » parmi ses élèves face à l’émergence de l’IA. Cette histoire ne parle pas seulement d’éducation supérieure – elle nous interroge sur la manière dont nous préparons nos enfants et sur le futur de l’IA et l’éducation.
Face à l’IA, quelle crise existentielle pour les étudiants ?

Jure Leskovec, professeur à Stanford, décrit comment ses étudiants ont vécu une véritable remise en question lorsque l’IA generative est devenue accessible à tous. « Nous avons eu une grande, je ne sais pas, crise existentielle parmi les étudiants il y a quelques années », confie-t-il à Fortune, « quand ce n’était pas clair quel était notre rôle dans ce monde ».
Cette réflexion me touche particulièrement en tant que parent. Ma fille a sept ans maintenant, et je me demande parfois comment elle percevra sa place dans un monde où l’intelligence artificielle pourrait accomplir tant de tâches que nous considérions autrefois comme exclusivement humaines.
Les recherches confirment cette ambivalence étudiante. Une étude menée à Hong Kong auprès de 399 étudiants montre que si leur attitude envers l’IA dans l’enseignement est généralement positive, ils expriment aussi des réserves concernant la dépendance excessive technologique et son impact potentiel sur la valeur de l’éducation universitaire, un enjeu clé de l’éducation à l’ère de l’IA.
Pourquoi ce retour surprenant aux examens papier ?
Voici le twist le plus fascinant : ce sont les étudiants eux-mêmes, via leurs assistants pédagogiques, qui ont proposé le retour aux examens sur papier. « C’est venu du groupe », explique Leskovec, particulièrement des assistants enseignants, la génération précédente d’étudiants en informatique.
Leur raisonnement ? Les examens à livre ouvert à domicile, où tout était permis sauf l’utilisation de code d’autres personnes, ne fonctionnaient plus dans l’ère des modèles de langage puissants. Ils voulaient une évaluation qui teste véritablement leurs connaissances fondamentales, pas leur capacité à utiliser judicieusement l’IA.
Cette demande étudiante nous rappelle quelque chose d’essentiel : malgré tous les outils technologiques à notre disposition, il existe une valeur intrinsèque à démontrer sa compréhension par ses propres moyens. Comme parent, cela m’interroge sur l’équilibre à trouver entre utilisation des outils technologiques et développement des capacités fondamentales.
Quel impact de l’IA sur l’éducation de nos enfants ?

La situation de Stanford n’est pas qu’une anecdote universitaire – elle préfigure les défis éducatifs que rencontreront nos enfants. Une étude systématique examine comment la dépendance excessive aux systèmes de dialogue IA affecte les capacités cognitives critiques comme la prise de décision, la pensée critique et le raisonnement analytique.
Pour nos jeunes apprenants, l’enjeu n’est pas d’éviter la technologie, mais de l’intégrer de manière à renforcer plutôt qu’affaiblir leurs capacités fondamentales, un défi majeur pour préparer les enfants à l’IA.
Peut-être que la leçon de Stanford est que même les plus technophiles reconnaissent la nécessité de préserver certains espaces d’apprentissage libérés de la tentation de la solution instantanée. Comme ces étudiants qui ont choisi délibérément la contrainte du papier pour mieux mesurer leur propre compréhension.
Comment cultiver l’autonomie à l’ère de l’intelligence artificielle ?

Face à ces défis, comment préparons-nous nos enfants ? La réponse ne réside pas dans le rejet de la technologie, mais dans le développement d’une relation équilibrée avec elle. Les recherches menées à l’Université Polytechnique de Bucarest montrent que les étudiants ayant une expérience directe des environnements d’apprentissage enrichis par l’IA développent des perceptions nuancées de ses avantages et défis.
Chez nous, cela se traduit par des petits gestes quotidiens : encourager la résolution de problèmes avant de recourir à une aide extérieure, valoriser le processus d’apprentissage autant que le résultat, et créer des espaces où il est non seulement permis mais encouragé de se tromper et de recommencer.
Comme le professeur Leskovec qui imprime maintenant des centaines d’examens papier (« moins d’arbres dans le monde », plaisante-t-il), nous devons parfois accepter un peu plus de travail pour préserver ce qui compte vraiment : la capacité de nos enfants à penser par eux-mêmes.
Quel équilibre pour une éducation à l’ère de l’IA ?
L’histoire du professeur Leskovec et de ses étudiants nous offre une perspective rafraîchissante sur l’innovation éducative : parfois, avancer signifie savoir quand revenir à l’essentiel. Ses classes de 400 personnes ressemblent à un « public de concert rock », mais l’évaluation reste résolument humaine et personnelle.
Pour nous parents, cela signifie cultiver chez nos enfants à la fois la maîtrise des outils technologiques et la confiance en leurs propres capacités. Les encourager à utiliser l’IA comme tremplin pour leur créativité tout en développant la résilience nécessaire pour affronter les défis sans assistance immédiate.
Peut-être que la plus belle leçon de cette histoire est que même au cœur de la révolution IA, ce sont les humains – étudiants et professeurs ensemble – qui redéfinissent ce qui compte vraiment dans l’apprentissage, façonnant ainsi l’avenir de l’IA et l’éducation. Et ça, c’est une perspective pleine d’espoir pour l’avenir de nos enfants.
Source : This Stanford computer science professor went to written exams 2 years ago because of AI. He says his students insisted on it, Fortune, 2025/09/07 09:35:00
