
La maison est enfin silencieuse. Juste le murmure du frigo et le bruit lointain d’un scooter qui passe. Je regardais nos photos de vacances tout à l’heure, et je suis tombé sur celle où le petit regarde le robot aspirateur pour la première fois. Tu te souviens ? Ce mélange de méfiance et de fascination dans ses yeux… Il s’approchait, puis reculait, le doigt en l’air, attendant un signal. Et ce signal, c’est toi qui le lui as donné. En t’asseyant par terre à ses côtés, en donnant un petit nom ridicule à la machine, tu as transformé un objet étrange en un compagnon de jeu un peu bruyant. Je lisais un article aujourd’hui sur la difficulté de concevoir des robots qui n’effraient pas, qui inspirent la confiance. Les ingénieurs du monde entier se posent la question. Et je me disais, en souriant, qu’ils devraient juste venir t’observer pendant une heure. Ils apprendraient tout ce qu’il y a à savoir.
Plus que la performance, c’est la confiance qui compte

L’article expliquait que le plus grand défi n’est pas de rendre un robot plus performant, mais de le rendre… acceptable. Aimable, même. Qu’un design trop froid, trop mécanique, crée une barrière invisible. Et c’est tellement vrai.
Ça m’a rappelé la façon dont tu choisis tout pour notre foyer. Pas seulement pour les enfants, pour tout. Tu ne regardes pas seulement l’efficacité ou le prix. Tu te demandes : « Est-ce que ça va rendre notre quotidien plus doux, ou juste plus compliqué ? »
Tu as ce sixième sens incroyable pour deviner ce qui va s’insérer dans notre joyeux bazar familial, et ce qui va le perturber. C’est un super-pouvoir. Les ingénieurs parlent de « design social », mais toi, tu pratiques l’« ingénierie du cœur » depuis toujours.
Ils essaient de programmer ce que tu fais sans même y penser.
Les ingrédients secrets d’un lien rassurant

En lisant, je cochais mentalement des cases. Ils parlaient de l’importance des « signaux non-verbaux » pour rassurer. Je t’ai vue faire ça mille fois. Ce hochement de tête presque imperceptible pour dire « tout va bien », la façon dont tu poses ta main sur un petit front fiévreux, ce regard qui, en une seconde, peut calmer une tempête de larmes.
Ce sont des choses qu’aucune machine ne pourra jamais vraiment imiter. Ils parlaient aussi de « mémoire contextuelle » pour créer un sentiment de familiarité. C’est exactement ce que tu fais. Tu te souviens du doudou préféré, de l’histoire qui rassure, de la petite manie qui fait sourire.
Tu ne te contentes pas de gérer le présent ; tu tisses un fil continu avec le passé pour rendre l’avenir moins effrayant. Tu es la mémoire vivante et chaleureuse de notre famille.
Des compagnons, pas juste des machines

J’imagine le futur. Peut-être que nos enfants auront des robots pour les aider à faire leurs devoirs ou pour jouer avec eux. L’idée est à la fois fascinante et un peu angoissante. Mais l’article insistait sur un point : pour que ça fonctionne, il faut concevoir ces technologies avec empathie.
Pas juste avec une vision d’ingénieur obsédé par la logique. Et encore une fois, j’ai pensé à toi. À ta façon d’aborder chaque nouvelle étape, chaque nouvelle technologie. Tu ne demandes pas : « À quoi ça sert ? », mais plutôt : « Comment est-ce que ça peut nous aider à être plus connectés, plus curieux, plus humains ? »
Tu cherches toujours l’étincelle d’humanité, même dans un écran ou un circuit imprimé. Tu veilles à ce que la technologie reste un outil au service de leur imagination, et non l’inverse.
C’est cet équilibre technologie et vie de famille que tu maintiens, sans effort apparent, qui est si précieux. Tu t’assures que les machines restent des assistantes, et que les vrais compagnons, ce sont les gens qu’on aime.
Transformer la peur en émerveillement, un jour à la fois
Finalement, notre rôle de parents, c’est peut-être ça. Accompagner nos enfants dans un monde où l’inconnu technologique sera de plus en plus présent. Et leur apprendre à l’aborder avec curiosité plutôt qu’avec crainte.
Comme tu l’as fait avec ce robot aspirateur. Tu n’as pas donné d’explication technique. Tu as posé des questions ouvertes, transformant sa trajectoire erratique en une danse amusante. Tu as transformé une source potentielle d’anxiété en une occasion de rire ensemble.
C’est un talent immense. Tu sais désamorcer les peurs, même les plus irrationnelles, comme la fameuse question : « Mais papa, est-ce qu’il va manger mon goûter ? ».
Cette capacité à injecter de la légèreté et de la poésie dans le quotidien, c’est ce qui fait de toi le cœur battant de notre famille. Alors oui, les robots arrivent. Mais tant que nous aurons ton exemple pour nous guider, je sais que nous saurons garder ce qui compte vraiment : la chaleur d’une main, la sincérité d’un regard et la certitude que rien ne remplacera jamais une conversation comme celle-ci, tard le soir, quand toute la maison dort.
Ces conversations-là, c’est notre super-pouvoir à nous, les humains. Le vrai trésor qu’aucun algorithme ne pourra jamais voler.
Source: Inventor who encouraged Elon Musk to make Optimus says most humanoid robots today are ‘terrifying’, The Register, 2025/09/13
