
Tu te souviens ce dimanche où on a comparé les recommandations YouTube des petits ?
Pour notre fils : tutos Lego et expériences scientifiques.
Pour notre fille : défis créatifs et unboxing de poupées.
On avait haussé les épaules en disant « C’est l’algorithme ». Ces programmes ne font que refléter nos propres schémas, subtils et tenaces.
Je me suis demandé si c’était juste moi, ou si tout parent vit ces moments…

Les miroirs numériques de nos automatismes
Hier soir, quand j’ai surpris ton regard sur notre fille qui rangeait méthodiquement ses affaires – ce petit sourire fier devant son application stricte.
Puis ce silence seulement troublé par les « Bravo mon cœur ! » presque mécaniques. La machine apprendrait vite à distinguer nos encouragements genrés…
Ces logiciels ne créent pas nos biais, ils les mettent simplement en lumière, comme un projecteur dans notre quotidien parental.

Nos félicitations sous surveillance algorithmique
J’ai tenté une expérience cette semaine : compter nos réflexes spontanés. Sept « C’est bien rangé » pour elle contre trois « Quelle imagination ! » pour lui.
Lundi matin, j’ai vu ta main hésiter avant de tendre le couteau à fromage – puis finalement le donner à notre fils, « plus habile ». Ces gestes minuscules deviendraient indicateurs pour une IA, révélateurs de nos limites inconscientes.
Et si on apprenait à reprogrammer nos réflexes comme on met à jour une application ?

La persévérance comme nouveau langage commun
Hier, j’ai changé ma formulation. « J’adore ta manière de recommencer sans abandonner » à notre fils devant son circuit de train. « Cette énergie pour résoudre ce problème m’inspire » à notre fille avec ses équations. Cette lueur différente dans leurs yeux… Ces ajustements infimes sont notre manière humaine de désapprendre – l’algorithme attendrait sagement qu’on lui fournisse de nouvelles données.

Quand les dysfonctionnements nous parlent
Ce matin, notre robot aspirateur tournait en rond, bloqué par ce vieux cheval à bascule jamais rangé. On a souri devant cette machine reproduisant nos propres cercles vicieux. Comme quand on répète « Je m’en occupe » le soir en triant les cahiers, perpétuant sans le vouloir notre répartition traditionnelle.
Ces outils absurdes nous offrent des occasions de remise en question… si on accepte de voir la poussière sous le tapis.

Rééquilibrer le code familial
Et si on traitait notre foyer comme un système à mettre à jour ? Un peu comme dans ces familles où plusieurs générations partent ensemble en voyage, et où il faut trouver un équilibre pour que tout le monde y trouve son compte. Observer sans juger ces petites habitudes qui creusent des sillons invisibles. Proposer alternativement des activités sans présupposer des préférences. Ce n’est pas l’IA qu’il faut blâmer pour ses biais, chérie.
C’est notre responsabilité de parents d’alimenter ces programmes avec une diversité de possibles — un choix conscient qui commence dans nos salons avant de s’écrire dans le code.
Source: Why the AI Race Is Being Decided at the Dataset Level, Smart Data Collective, 2025-09-15
Reprogrammer nos réflexes, un geste à la fois
Ce n’est pas une course, mais une série de petits ajustements conscients. Chaque fois qu’on choisit une parole d’encouragement différente, chaque fois qu’on casse un de nos propres automatismes, on réécrit une ligne de notre code familial. On alimente l’algorithme de demain avec plus de nuances, plus d’humanité. Et demain, quand je verrai ces recommandations apparaître, je sourirai en pensant à notre petit effort pour bousiller ces codes ensemble.
