Elle a laissé sa main sur la tablette un instant. Les enfants s’endormaient, et les lumières de la cuisine dessinaient des ombres douces dans ses questions silencieuses. C’est elle qui un jour, soulevant la tête de l’application éducative, a murmuré : Donnera-t-on autant à leurs mains qu’à leurs écrans ?
L’équilibre invisible
Pendant les confinements, on les regardait grandir devant les écrans. On les a sentis trembler sous nos mains – ces petits doigts qui apprenaient à la fois à dessiner des fleurs et à cliquer sur Zoom. Elle a trouvé comment doser : toujours une heure de cuisine, main humaine dans la pâte à modeler, juste après le temps d’écran autorisé. Vous voyez ce que je veux dire ?
Un jour de grand vent, tandis que l’application de lecture nous promettait des progrès fulgurants, on l’a vue déposer la tablette. Elle a pris les enfants par la main : ‘On va apprendre le vent, aujourd’hui, pas celui de la météo numérique.’ Elle leur a montré comment les arbres plient, les feuilles dansent, et les joues deviennent roses.
La danse des interfaces
Vous vous souvenez de ce soir-là ? Quand on était en retard à la crèche, la notification nous indiquant le trafic intense. Vous avez souri, cette petite fatigue qui vous donne des étincelles : ‘On n’aura pas encore appris à courir plus vite que leurs algorithmes.’ On a traversé la ville, dans la lumière douce des lampes. La vraie technologie, c’est peut-être ce qu’on fait de nos mains quand ils sont détournés.
C’est elle, cette magicienne, qui trouve comment faire des voyages. On les voit, ces petits doigts, capables à la fois de coder, d’éplucher, d’effleurer. Souvent, après le travail, je la trouve éveillée. Elle écoute un podcast sur les neurosciences en écoutant les enfants monter, ouvrir, descendre, jouer. Et elle, elle sait, comme elle sait tout, ce jour où nous avons choisi de cuisiner ensemble, rire, et laisser les notifications pour plus tard.
Ce que nous tissons, éclair après éclair
Il y a une philosophie discrète qu’on a construite, tu le sais ? On a pris des parcs. Souvent, le soir, sans les écrans, juste pour les cahiers.
Les enfants, debout, tracent, dessinent, et dansent, d’abord en papier. On a vu, comme toi, ces parents, qui cherchent leur équilibre, comme une danse invisible. Cette parentalité, notre époque, elle est bruyante.
Mais on se souviendra toujours qu’on a laissé, donné, cette volonté, cette main humaine au cœur de la technologie.
L’avenir sera dans nos mains
Je me demande parfois si je me complique la vie… La nuit tombe, ce soir, les enfants dorment. La lumière de la tablette s’allume encore, mais elle, elle sait à quelle vitesse, à quelle heure.
On l’entend, la musique, cette musique ancienne qu’on continue de leur apprendre. On a vu cette mixité : ils ont appris à la fois à écrire un code pour leur dessin, et à la main, à peindre sur le papier. C’est incroyable, non ?
On est des parents, les architectes de cette humanité numérique, et on a compris, cette grandeur, cette responsabilité, de ne pas laisser, jamais, de laisser, cette humanité s’effacer, entre les écrans.
Source: CNA explains: What is transhumanism?, Catholic News Agency, 2025/09/29 11:00:00
