
Alors, ce soir, devant la porte fermée de leur chambre, des adolescents parlent. Pas à nous, mais à un autre genre de compagnon. Leurs doigts tapent sur des écrans avant de chercher, inconsciemment peut-être, notre regard dans la cuisine. Cette tension entre les réponses instantanées de l’IA et nos silences – c’est ça, non, qui fait l’éducation et l’enfance ?
Leur miroir imparfait
Nos adolescents posent des questions à l’IA. Des questions qu’aucun algorithme ne peut vraiment trancher. On les voit, parfois, ces jeunes qui attendent des réponses absolues sur la confiance, l’amour ou la peine à un système de réponses probabilistes.
Et ce n’est pas là la question. Ce qui est troublant, c’est leur propre attente, cette confiance que l’IA pourrait donner un sens à ces questions existentielles. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit assez fort ? Je me demande parfois si nous, parents… C’est fou, non ?
Les limites que l’IA ne connaît pas
L’IA ne peut pas comprendre ce qu’elle n’a jamais vécu. Elle peut donner des mots sur les émotions, mais jamais ressentir cette fatigue d’avoir mal dormi dans une chambre d’adolescent.
Elle peut suggérer des solutions, mais jamais les tenir à bout de bras quand on reste à l’hôpital avec eux. En ce moment, des milliers de parents vérifient comment les enfants dissocient l’information de l’empathie. Et ça, c’est une leçon qu’on ne délègue pas.
Mon expérience
L’autre jour, j’ai surpris ma fille en train de demander à son assistant vocal comment résoudre un conflit avec une amie. Imaginez un peu ! Le robot lui proposait des phrases toutes faites, mais rien sur l’écoute, le pardon, la patience…
Pratique quotidienne : le dialogue
Imaginez cette scène : un soir où votre enfant préfère discuter avec un chatbot de ses problèmes scolaires. Plutôt que de l’interdire, pouvez-vous poser, simplement, en entrant : « Tu as trouvé des réponses ? » ou « Qu’est-ce qu’il t’a dit, ce copain ? »
Cette approche ouvre un espace qu’on ne donne pas à la technologie. On montre la valeur de l’échange humain, avec ses pauses, ses doutes, ses silences qui parlent plus fort que les réponses.
L’équilibre léger
L’éducation n’est pas une question d’outils. Mais, dans notre société, où les adolescents ont des compagnons virtuels, comment rester les garde-fous les plus importants ?
On peut imaginer : vérifier, discuter, jamais remplacer. Accepter que l’IA soit un outil, mais jamais un guide. Et c’est nous, les parents, qui tenons la frontière entre ces deux mondes, comme un petit joueur, parfois, mais essentiel, avec une petite lampe, dans la nuit.
Leur futur, avec nos mains grands
Les enfants grandiront dans un monde où l’IA sera un compagnon, un ami, peut-être un conseiller. Mais ils sauront différencier, si on leur montre, comment distinguer une réponse habile d’une vraie compréhension.
Et leur plus grand garde, ce sera, toujours, cette attente silencieuse de notre part pour qu’ils nous parlent.
Et ce message, ce silence, ce n’est pas l’IA qui le transmettra, c’est ce que nous faisons, chaque jour, en leur présence.
