Un éclat de soleil qui glisse sur les nouvelles vitrines n’évoque rien d’étonnant… jusqu’à ce que l’on découvre que ce sont des lignes de code, et non des doigts de styliste, qui composent la tenue parfaite. Ella promet de transformer l’essayage virtuel en conversation facile. Mais au-delà de la commodité, comment ce partenariat Vivrelle–Revolve–FWRD influence-t-il nos valeurs familiales ? Et si on réfléchissait dès maintenant à comment l’IA touche notre rapport à la mode et à l’éducation de nos enfants ?
Comment Ella transforme-t-elle l’essayage virtuel ?
Quand trois géants du shopping en ligne s’associent pour proposer un assistant IA dédié à la mode, le résultat ressemble à Ella : un assistant sans heures de fermeture, prêt à prêter ou vendre la pièce manquante d’un look plutôt que de laisser notre ado hésiter devant un catalogue.
En gros, comment ça marche ? L’algorithme observe les favoris, retours et commentaires, croise ces données avec les stocks de Vivrelle, Revolve et FWRD, et ressort une suggestion qu’on peut louer ou acheter d’un clic. Étonnant ? Oui. Mais est-ce indispensable ? D’ailleurs, saviez-vous que les plateformes IA capables de personnaliser la mode diminuent le taux de retour de près de 30 % ? Quand on sait qu’un colis retourné génère des émissions qu’on n’a pas toujours le courage d’imaginer, l’algorithme devient soudain plus sympathique.
Clés en main… ou tentation en moins ?
Les parents se demanderont vite : « Est-ce qu’on n’ouvre pas la porte à « j’ai besoin de la nouveauté constante » ? » Deux braquettes à bloquer tout de suite : fixer un budget mensuel et associer la suggestion d’Ella à un projet concret (anniversaire, cérémonie, changement de saison). L’enfant comprend que l’outil aide, mais ne décide pas.
Et si la robe qu’Ella recommande est hors limite, pourquoi ne pas la dessiner plutôt que de l’acheter ? Une feuille, des feutres, et hop : créativité nourrie, impulsivité calmée. Ça m’a fait sourire quand, l’autre jour, mon enfant a ajouté des ailes et des poissons à sa création ! Le numérique redevient tremplin vers le réel, pas substitut.
Astuce « express » pour éviter la spirale scroll : balancer l’appareil photo en mode miroir, laisser l’enfant porter ses vêtements préférés, photographier trois poses, comparer avec la proposition d’Ella — un mini-défilé maison garanti, beaucoup plus rigolo que l’écran solo.
Données, style et éthique : la conversation qui tue
« Mais papa, comment il sait que j’aime les pompons verts ? » Excellente question : elle signale qu’on est prêt à aborder la notion de données personnelles sans barbe-à-papa technophobe. Rien de sorcier : chaque fois qu’on clique « j’aime », la machine note la couleur, la coupe, la matière. Elle « apprend », comme nous apprenons la table de trois sans cesse répétée.
On explique donc que ces infos demeurent (en théorie) dans l’enceinte des trois sites, mais qu’elles ont de la valeur : leur donner, c’est autoriser une société à gagner de l’argent. L’échange doit rester transparent : « Si tu ne souhaites pas qu’on sache ton style, tu as le droit de fermer la porte. »
Et en réponse à « mais moi j’ai rien à cacher », un petit jeu familial : chacun note durant une journée le nombre de fois où il partage un goût, une humeur, une photo. Puis on compte. Comprendre la quantité de traces, sans paranoïa, finit par sensibiliser plus sûrement que tout sermon.
Vieillir avec son look et ses valeurs
Peut-on concevoir qu’un algorithme forge le style personnel d’un enfant ? Le mot clé est personnel. Le style se pêche dans la curiosité, les livres, les balades, les albums de famille, pas dans la seule suggestion d’un assistant IA pour la mode. Ella n’est qu’une palette, non le tableau.
Pour cultiver cette autonomie vestimentaire, on pratique la « boîte mystère » : un carton rempli de vieux tissus, boutons, élastiques. Un samedi pluvieux, on extrait trois éléments sans regarder ; mission de créer un accessoire original. Le résultat resiste rarement aux critères esthétiques adultes, mais la fierté éclate : mon idée à moi.
Dans dix ans, quand la robe holographique (ou je-ne-sais-quel tissu-planète) pointera, l’enfant se souviendra que la mode est un terrain d’expérimentation, pas d’asservissement.
Quand le moral des petits bodies décline
Un risque pointé par les psys : l’image corporelle. Les avatars impeccables, filtres implicites et tailles « standards » collées aux recommandations peuvent laisser croire que « je suis mal foutu si je ne rentre pas dedans ». Antidote en un tournemain : diversifier les mannequins — papier, magazines, réseaux — et surtout… s’offrir un shooting photo rigolo où chacun choisit la posture la plus absurde. Le rire dissout la tyrannie des angles parfaits.
Règle en famille : on complimente toujours une qualité plutôt qu’un « tu es jolie ». « J’aime ta créativité », « Ta façon de mixer les couleurs ». L’estime se plante alors dans le faire, non dans l’apparence.
Mini-missions de la semaine
- Ouvrir l’armoire, chacun sort un vêtement oublié, et on imagine comment Ella le remettrait au goût du jour. Dessin ou description, au choix.
- Compter, lors d’une virée en ligne, le nombre de fois où Ella propose « location » versus « achat ». Discuter de l’impact carbone respectif : porter 30 fois vs posséder… sans culpabiliser.
- Inventer un mot-code secret (« pastèque stylée ») pour valider, à l’avenir, tout achat en ligne. Si personne ne le prononce à voix haute dans les cinq minutes avant le paiement, commande annulée. Cela laisse le temps de respirer, et c’est drôle.
Source : Fashion retailers partner to offer personalized AI styling tool ‘Ella’, TechCrunch, 2025/09/04