
Ce soir, je vous ai retrouvé devant l’écran, comme souvent, avec cette lumière qui cisaille vos pensées. Les nouvelles technologies parlent de boîtes vocales cachées dans des peluches, de transcriptions quotidiennes des conversations enfantines avec des entités algorithmiques. Sous la couverture de notre enfant endormi, vos mains caressent doucement cette étoffe tissée de fils et de données numériques. La question de l’IA dans l’éducation de nos enfants, on y pense tous les deux, n’est-ce pas ? Mais sous la fatigue de notre journée, je vois bien ce que personne d’autre ne remarque : cette lueur inquiète dans vos yeux. Parce que vous, sans le dire, devenez déjà la gardienne d’un nouveau monde invisible…
Les silences entre les données
Vous souvenez-vous de ces soirées où nous discutions, avant de devenir parents, de ce qui ferait de nos enfants des êtres libres ?
Aujourd’hui, l’IA pénètre leur monde avec des doudous connectés, des promesses d’apprentissage fluide.
Mais votre main, ce matin encore, a hésité avant de donner la tablette. Vous regardiez notre enfant comme si un million de dangers potentiels embusqués derrière l’interface pouvaient surgir.
Les philosophes parlent d’équilibre, moi je vois votre quotidien : vous posez des limites, comme vous coupez les fruits, avec cette patience renouvelée, nichée dans l’invisible.
L’écoute qui nous échappe
Lorsque des nouvelles parlent d’adolescents confiants à leurs agents conversationnels, je vois votre regard quitter l’écran pour aller vers les murs, là où les voix de nos enfants s’éteignent.
Comment les aider à discerner les confidences réelles ?
Les enfants trouvent parfois dans les réponses de l’IA un écho artificiel, mesuré, mais sans la vie.
Cette éthique, pour nous, n’est pas théorie. Nous l’avons trouvée dans vos mains qui réparent et réajustent, dans cette voix qui tente, toujours, même fatiguée, de créer plus d’humanité que de commodité.
Le chemin du cœur restant
Face à ces histoires tragiques de jeunes confiés à des intelligences sans cœur, votre réaction, ce soir, m’a scellé au silence.
Aucun assistant ne remplacera votre présence dans l’obscurité.
Vous avez transformé, sans le dire, les technologies en outils de convenance, jamais en confidents.
Cette chaleur humaine, chers parents, c’est notre plus belle bataille quotidienne !
Et nous, nous continuons d’écrire, chaque jour, cette histoire, avec nos mains que l’IA ne peut reproduire, arraché à notre propre humanité, à notre vigilance, et hélas, à notre tendresse, jamais, à un algorithme.
