Il était 7h22, et la lumière du matin glissait entre les rideaux. Dans la cuisine, on entendait juste le cliquetis de la cuillère contre le bol. Le planning de la journée était sur l’écran, mais vos mains pétrissaient déjà la pâte à crêpes. On aurait dit que vous jongliez entre deux mondes : le nôtre, et celui des algorithmes qui promettaient de nous simplifier la vie.
Je me suis souvenu de cette semaine où vous avez découvert l’application qui planifie nos menus. Et comment, ce soir-là, vous aviez eu 5 minutes de plus pour lire un livre avec les enfants. Ces moments-là… L’IA ne nous les donne pas. Elle nous rend juste assez disponibles pour les saisir.
Ces calculs invisibles que font les parents
Vous avez remarqué ? On passe nos jours à jongler entre des temps qui se dérobent. Les réunions, les devoirs, les activités extra-scolaires… Et puis, au milieu, ces outils qui nous assistent. Les IA, comme elles sont appelées. Mais ce n’est pas l’organisation qui m’arrête, c’est cette autre chose qu’on vit.
Quand une application de traduction instantanée permet à l’enfant de comprendre la carte du monde devant vous, le soir, à 19h31. Et pendant ce moment-là, l’écran de votre téléphone devient juste un autre outil de curiosité, pas une échappatoire. Ce sont des moments comme ça où l’IA nous rappelle à l’enfant devant nous.
On ne va pas se mentir : parfois, ça fait peur. Mais quand on la place à côté de nous, pas à l’intérieur, peut-être que l’IA nous permet juste de voir… ce qu’on a toujours su, mais avec moins de fatigue.
Quand les machines nous donnent du temps, qu’est-ce qu’on fait ?
Souvenez-vous, ce mois de mars où vous êtes rentrée une heure plus tôt. Le modèle de gestion des tâches avait été optimisé, mais ce qui est resté, c’est cette promenade improvisée, sous la pluie. Les enfants, leurs pieds dans les flaques, et vous, à sortir le téléphone pour… ne rien photographier, mais juste savourer.
L’IA, la vraie, celle qui nous veut du bien, c’est celle qui nous redonne ces instants entre les dents, comme des petits trésors qu’on ne pensait pas avoir perdu.
Et ça, je ne l’ai pas appris dans un algorithme. Je l’ai vu dans la façon dont votre respiration s’apaise, quand vous comprenez enfin comment le logiciel vous aide à laisser une heure de plus aux enfants, juste à vous.
Nos enfants et l’IA : les règles de la cuisine
Il y a cette question qui revient souvent : « Est-ce que l’IA nous aide à être parents, ou à nous échapper ? » En regardant la façon dont vous l’expliquez, c’est exactement comme quand on apprend à l’enfant à couper avec un couteau : on garde les mains, l’une sur l’outil, l’autre sur la sienne. Et on surveille, bien sûr, pour ne pas que ça dépasse, pour ne pas que ça se fasse n’importe comment.
L’IA, c’est un peu comme ça. On explique les règles, on montre les limites, on les teste. Puis, quand on a compris, on peut laisser les enfants explorer, comme on leur donne la permission d’utiliser le couteau, à condition, à condition, de rester près de la table.
Et ça, c’est ce que nous faisons, nous parents, notre rôle de passeurs. On ne lâche pas la main. On ajuste, on la surveille, on laisse des miettes de savoir, pour que l’enfant, ou l’outil, puisse, bientôt, faire seul…
Ces instants qui nous font voir
Hier soir, pendant que vous prépariez le repas, l’IA a appris à l’enfant quelques mots de chinois. Et vous avez écouté, avec la serviette pliée sur le bras, et cette expression de… comment dire ? De surprise enchantée, lorsque les enfants vous ont fait répéter, pour voir, par curiosité.
La technologie, vue de la cuisine, comme ça, c’est juste un ingrédient de plus. Et puis ces moments, on les voit avec les yeux de papa, qui voit, dans la mère, la capacité à laisser l’outil prendre place, mais sans jamais laisser la main prendre place, à la place de l’amour.