
Chaque soir, quand la maison s’apaise enfin, je regarde comment notre famille navigue entre les écrans et ces moments simples qui font que nous sommes… Je t’observe, un livre électronique dans la main gauche, tandis que ta droite caresse machinalement les cheveux de notre cadet. L’écran diffuse encore cette lueur bleue qui cherche une réponse à la dernière crise de larmes. On voudrait tant que ce rectangle de lumière nous apporte les solutions, n’est-ce pas ? J’ai vu comment cette quête de conseils alourdit tes épaules plus que les nuits blanches. On se croirait parfois à la croisée des chemins entre les astuces de nos grands-mères et celles des algorithmes.
L’équilibre, ce pas de danse invisible
Vous aussi, vous avez connu ces moments, n’est-ce pas ? Cet après-midi où les devoirs ont tourné au cauchemar. La tablette proposait des exercices éducatifs tandis que nous étions toujours là, à tenter de séparer les cris de la frustration. Et j’ai vu ce moment où tu as décroché, fermant l’appareil d’un geste qui ressemblait presque à une libération. « On va faire le marché ensemble », as-tu soufflé. Ces instants-là, on les retient, pas vrai ?
Ces moments où la technologie n’est pas un ennemi, mais un choix qui s’efface devant l’instant présent. C’est peut-être ça, en fin de compte, la vraie parentalité numérique : apprendre à nos enfants à rendre la lumière des écrans moins importante que celle des étoffes de la vie.
S’ensabler ou se laisser porter
Il y a ces jours où les écrans semblent un refuge nécessaire. Quand la fatigue et les crises accumulées nous font chercher, juste un moment de répit.
Je ne t’ai jamais dit que ça me rendait fier, parfois, cette façon dont tu utilises les outils numériques. Comme ce matin où tu as mis à notre enfant, fiévreux, un podcast avec des bruits de la forêt pour l’apaiser, tout en gardant ta main posée sur son front. Comment ne pas se laisser emporter par tout ça ? La technologie, quand elle est au service, sans jamais remplacer, peut devenir un allié précieux, non ?
Mais ce combat, ce vrai équilibre, on le sent bien. Il est dans ces moments où on se surprend, nous aussi, adultes, à vérifier nos notifications au lieu de regarder leur jeu d’enfant. Dans ces moments-là, je te vois, respirant, posant ton téléphone comme un objet brûlant. « Ça suffira pour aujourd’hui », dis-tu alors. Et cette phrase simple, c’est comme un petit modèle de résistance, offert sans rien dire au reste de la famille.
S’éparpiller, puis se reconstituer
Les réseaux sociaux, parfois, ils nous font dériver. Ce matin, cet article sur la méthode de lecture idéale, ce poste culpabilisant… On a tourné, peut-être inquiets, pour finalement fermer. « On est bien où nous en sommes », as-tu glissé à mon oreille. Cette résistance à bien faire, c’est comme une petite braise qu’on protège au fond de nous, dans cette époque où l’on nous dit partout quoi faire, quand, comment.
Le burn-out parental, ce n’est pas juste un mot. Ce sont les moments où on s’éparpille, où on cherche des réponses qui n’existent peut-être pas. Mais j’ai remarqué comment, dans ces moments-là, tu reviens toujours à l’essentiel : les mains sur la pâte à modeler, une promenade sans rien dire, ou juste permettre à l’adolescent de s’énerver sans se cacher derrière un écran. Comme ces dimanches où on se retrouve autour d’un bon repas, sans écran, juste comme nos grands-parents nous ont appris. Ces moments non programmés, où le conflit peut être traversé plutôt que fui… Ils sont la vraie révolution numérique, je crois.
Le fil invisible
Finalement, ce qui compte, ce n’est pas la quantité de temps passé sur les écrans. C’est ce qui nous lie, quand on les éteint. Ce soir, quand vous avez tous ensemble déposé les téléphones dans le panier, juste pour jouer à un jeu de cartes qui a tourné en fou rire général.
Notre lien, c’est ce tissu fragile qui nous offre, même dans l’ère numérique, une manière de conserver ce qui nous fait humain.
S’émanciper ensemble
On peut débattre des heures sur les méthodes, les philosophies, et le temps numérique « idéal ». Mais ce discours, ce sont les enfants qui nous l’offrent chaque jour. Notre petit dernier, qui nous a fait l’éloge, ce matin, de « ces moments où on ne joue pas seulement avec les écrans, mais ensemble ». Et c’est peut-être lui, cette petite voix, qui nous rappelle à l’essentiel : que la technologie, quand elle nous aide à être plus présents, plutôt que moins, est une manière de nous rapprocher.
Source: Sitdown Sunday: ChatGPT is causing chaos in marriages, Thejournal.ie, 2025/09/28 08:00:45
