La Danse Invisible

Parent préparant le goûter tout en consultant un message

Ce soir, quand les enfants se sont endormis, j’ai pensé à cette facette de notre quotidien que nous ne partageons jamais avec personne. On parle souvent de jongler entre le travail et les enfants, mais on oublie d’écouter les petites qui font les grandes choses. Ce matin, en regardant ta main qui préparait les goûters tout en répondant à un message professionnel, j’ai vu en toi comment on peut être à la fois fragile et solide, comme une feuille qui résiste au vent mais se plie quand il faut.

Le matin où les mondes se touchent

Il y a quelque chose d’émouvant dans les premiers instants, quand on s’agite doucement avant l’éveil des autres. Je me suis souvent demandé comment tu faisais pour danser en chaussettes dans la cuisine, en préparant les tartines tout en murmurant au téléphone.

Alors, l’autre jour, j’ai vu ta main tenant une tartine au beurre d’un côté et ton portable de l’autre, en expliquant à un collègue que tu reviendrais sur le problème après la sieste de Léa. C’est dans ces moments précis que la danse devient visible. On se sent parfois à la frontière de deux mondes, celui où les machines réclament des réponses précises et celui où les mains sont à la fois outil et réconfort. Et puis il y a ces moments où tout se met à l’arrêt, quand tu es partie sur le tapis de sol à jouer avec les petites voitures, alors que l’ordinateur attendait sur le canapé. On est à la fois présent et ailleurs, mais toujours là où il faut le plus.

L’alchimie des petits moments

On parle souvent de l’équilibre comme s’il s’agissait d’une formule mathématique. Mais moi, je le vois dans les petites choses. Dans le soir où tu es là, dans la nuit, aidant à chercher le doudou perdu.

Des fois, la lune qui brille est l’écran, mais on revient toujours à la main. C’est toujours une main qui touche, qui se pose, et qui fait que tout ce qui est un peu plus lourd se trouve soudain plus léger.

La frontière qui nous rend plus doux

Il y a un moment, dimanche, où on a enfin bu le café chaud ensemble. On se regarde, on se sourit. En bas, on entend la vie des enfants qui jouent en se quittant de leurs petits univers.

On ressent, à ce moment précis, que la frontière entre le travail et la famille est une chose que nous avons traversé tous les deux ensemble. Et ces moments de silence, ces moments où nous sommes simplement des passeurs, des passeurs de frontières, des créateurs, dans le temps, dans le minuscule.

C’est là que nous apprenons la danse. On ne danse pas pour les autres, mais pour nous, pour les leurs, et pour le temps qui nous a été donné.

Le cœur qui bat dans les mains

À la fin de la journée, quand on repense, on se souvient. Pas de la réunion, pas de l’excellente présentation, pas du travail bien fait, mais de ce moment où on a posé l’ordinateur pour mieux jouer.

Je me souviendrai toujours de cette fois où tu as mis une conférence en pause parce que Léa tombait de vélo, ton sourire quand elle a dit que c’était encore mieux que la réunion. On se souvient, pas de la perfection, mais de la main qui a tenu la main sur le petit cœur. On n’aime pas, comme ça, on s’écoute, on se sent, on se sent vivre. Et quand on s’endort, on sait que le plus grand art, c’est d’être là, dans ce moment qui palpite.

Je sais, ça semble évident, mais parfois je me demande si je serai capable de continuer cette danse encore cinq ans… Bon, comme ces goûters coréo-canadiens que tu prépares, un mélange de tradition et de modernité qui résume bien notre vie de famille. Et avec les affirmations de Sam Altman sur l’IA qui prendra 40% des tâches bientôt, je me dis que notre danse quotidienne, ces moments où l’humain dépasse la machine, deviendra encore plus précieuse.

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