Vous est-il déjà arrivé de vous sentir au carrefour d’une époque, là où le passé et le futur se rencontrent dans le murmure d’une conversation nocturne ? Ce soir-là, après l’histoire du coucher et la danse silencieuse des ombres chinoises sur le mur, nous restions à murmurer dans la lumière de la cuisine. Les bulles du lave-vaisselle scandaient nos silences. Entre deux gorgées de tisane tiède, vous évoquiez ces usines qui ferment l’une après l’autre comme des dominos penchés – et cette université qui confie désormais ses copies aux intelligences artificielles. « Comment vont-ils s’en sortir ? » Pas dans la peur, mais comme on élabore une recette ensemble, en goûtant les idées. Nos grands-parents ont vu les tracteurs prendre la place des ouvriers agricoles. Nos parents, eux, ont connu les claviers remplacer les machines à écrire. Je me demande parfois si je ne suis pas un peu vieux jeu, mais cette accélération technologique me laisse perplexe… Mais voilà, cette vague semble heurter plus que des métiers : elle ébranle notre manière même de donner du sens à nos vies.
Et si le plus beau cadeau que nous fassions à nos enfants n’était pas un conseil de carrière, mais des modèles de résilience créative ?
Pourquoi cette vague est différente
Tu vois, ce n’est pas tant la technologie qui déstabilise, mais sa façon de refléter nos peurs de parents : quelles compétences résisteront au temps ? Comment préparons-nous notre petit dernier quand des secteurs entiers pourraient se réinventer avant même sa première colocation ? Ma perceuse sans fil achetée il y a dix ans fonctionne impec… mais la moitié des métiers d’il y a dix ans résonnent déjà comme des archéologies. Mais au-delà des similitudes avec les transformations passées, quelque chose de fondamentalement nouveau se joue aujourd’hui.
Le filet de sécurité dont nous parlons tous
Nous l’avons entrevu pendant les confinements – comment les métiers « essentiels » ont soudain inclus caissières et aidants. Maintenant, aux réunions de parents d’élèves ou en attendant devant l’école de danse, nous captons des échos de la même conversation : Et si chacun avait l’assurance de ses besoins fondamentaux ? Imaginez, par exemple, qu’un revenu de base universel permette à une jeune maman de ne pas choisir entre le travail de nuit et le temps passé avec son bébé malade, ou qu’il donne à un père la liberté d’apprendre une nouvelle compétence sans l’angoisse du loyer. Ce ne serait pas une aumône, mais une infrastructure – aussi normale que les égouts ou l’éclairage public. Je vous observe ajuster la couverture de notre ado endormi tout en expliquant la santé universelle. Vous concevez ces solutions avec la rigueur que vous mettez à optimiser les rangements de jeux de société. Et franchement… notre aspirateur robot bute encore sur les Lego perdus. Peut-être restons-nous, nous les humains, irremplaçables pour ce qui compte vraiment.
Les conversations qui nous font rêver plus loin
Au petit jour, pendant que nous préparons les sacs à dos et les goûters, vous m’aviez glissé un jour, ironique : « Être parent, c’est le stage non rémunéré ultime. » Et si pourtant, nous mesurions autrement la valeur des choses ? Pas en profits trimestriels mais en jardins partagés arrosés, en rendez-vous chez l’orthophoniste honorés, en voisins aidés pour leurs courses ? Je reconnais en vous cette sagesse discrète des parents : savoir nourrir des promesses invisibles quand les résultats se font désirer. N’est-ce pas là la compétence clef qu’on devrait enseigner à l’école ? Pas uniquement les tableurs Excel, mais l’art de prendre soin les uns des autres, cette résilience créative qui transforme chaque incertitude en terrain de jeu pour demain. Alors, en regardant nos enfants grandir, je me demande : et si le plus beau héritage que nous puissions laisser n’était pas un patrimoine matériel, mais cette résilience créative que nous cultivons ensemble, comme une flamme à transmettre dans le murmure de nos cuisines ?
Source: AI Is Taking Jobs: Could Universal Basic Income Become a Reality?, Newsweek, 2025-09-17