VR et deuil : comment la technologie raconte nos pertes

Famille partageant un moment de lecture et de souvenirs

Pendant un moment doux de ce début septembre — le ciel clair et une lumière apaisante — je suis resté songeur après avoir lu à propos d’une œuvre immersive captivante : Blur. Présentée à la Biennale de Venise, cette création audacieuse mêle réalité virtuelle, performance en direct et réflexion sur la mort, la science et la mémoire. Si vous avez suivi l’actualité du festival, vous savez peut-être déjà pourquoi tout le monde en parlait… mais sans prix à la clé.

Raconter pour comprendre, créer pour guérir : comment la VR transforme le deuil ?

Enfant explorant un monde virtuel avec curiosité

« Blur » n’est pas un film classique. C’est une expérience. Une sorte de rêve partagé entre passés lointains, interactions numériques et réflexions profondes sur ce qu’il advient de nous après la perte d’un proche.

Imaginez un monde où la technologie permet de recréer des êtres chers, où les souvenirs deviennent des paysages interactifs, où les histoires ne se racontent plus simplement, mais se vivent. L’idée n’est pas nouvelle, mais l’approche de Blur, par son atmosphère poétique et son mélange de formats, frôle quelque chose de rare : l’émotion authentique, palpable.

Dans une recherche publiée sur PubMed, il est montré que raconter sa peine – que ce soit par l’écriture ou le partage – aide à mieux l’accepter. Ça transforme la douleur en histoire, et c’est là une étape essentielle du travail de deuil. Et si la réalité virtuelle devenait un espace de ce genre ? Pas pour effacer le chagrin, mais pour l’apprivoiser.

Qu’est-ce que cela veut dire quand une enfant de 7 ans voit un grand-parent virtuel ? Ou quand un adolescent explore un souvenir simulé ? Est-ce un secours ou une complication ? Probablement un peu des deux, selon la manière dont on accompagne cette exploration.

Élever les enfants avec des outils qui émeuvent : la VR comme soutien émotionnel ?

À la maison, comme dans beaucoup de foyers modernes, les écrans font partie du quotidien. Pas celle du travail ou de l’école, non, mais celle des moments partagés. Une chanson sur une plateforme, une histoire lue par un avatar… ou une visite dans un site historique en VR.

Et si ces outils, même puissants, étaient moteurs de connexions profondes – si on savait les guider ?

Blur pose une question essentielle à ce sujet : peut-on utiliser la science pour guérir un cœur brisé, ou cela finit-il par nous éloigner de ce qui fait notre humanité ? Pour un parent, c’est bouleversant. Car il ne s’agit plus seulement de gérer le nombre d’heures d’écran, mais de réfléchir à la qualité de l’expérience, à son sens, à la manière dont notre enfant va traiter l’image du grand-père disparu, ou celle d’un personnage féérique vécu en immersion.

Un article de la National Library of Medicine montre que raconter sa perte avec l’aide numérique, comme à travers un récit multimédia ou une simulation, peut aider certains à traverser leur deuil. Mais cela reste fragile. Le risque ? Faire croire que l’on peut effacer l’absence par une illusion.

Donner à grandir sans brûler les souvenirs : comment accompagner les enfants face au deuil en VR ?

Parent et enfant discutant ensemble autour d'un album photo

Qu’en est-il alors du rôle parental dans tout cela ? Si l’on ne bloque pas l’accès aux nouvelles technologies, comment les inscrire dans un espace nourricier plutôt que dans celui d’une fuite ?

Voici humblement quelques pistes, à l’écoute de ce que vivent les enfants :

  • Partager l’expérience : la VR ou un jeu basé sur des souvenirs ne doit pas être vécue seule. C’est une occasion de raconter, de poser des mots, ensemble.
  • Poser des limites simples : même si une simulation peut expliquer une absence, elle ne doit jamais en prendre la place. La mémoire, telle qu’elle vit dans le cœur, se nourrit de silence autant que de mots.
  • Parler de l’émotion soulevée : si votre enfant est bouleversé·e après une immersion, écoutez ce que cela éveille, posez des petites questions ouvertes (« Qu’est-ce que tu as pensé quand tu as vu ça ? »).

Et si vous le sentez juste, vous pouvez créer ensemble une tradition : fabriquer un carnet de mémoire, dessiner une image de l’être aimé ou raconter une histoire autour d’un objet. Ces gestes simples inscrivent les souvenirs dans une réalité tangible, précieuse, humaine.

Vers une enfance enrichie, pas effacée : la VR et l’équilibre émotionnel

Blur, à sa manière, n’est pas simplement une œuvre immersive : c’est un miroir. Celui des choix technologiques qu’on fait grandir avec nos enfants, de nos peurs face à la perte et de nos désirs de contrôle.

Et si cette technologie, en fin de compte, ne faisait que nous ramener à quelque chose de plus fondamental : le besoin que nos enfants se sentent aimé·es, compris·es, capable de vivre des émotions sans jamais les craindre ?

Peut-être qu’à cet âge, après tout, le jeu en plein air, les récits du soir ou les comptines inventées ont encore plus de puissance qu’un casque de réalité virtuelle. Peut-être. Mais rien n’empêche d’y ajouter, ici et là, un espace sûr de doute et de découverte.

Car la vraie magie, ce n’est pas de recréer le disparu : c’est de permettre à un enfant de grandir avec son souvenir vivant, intact.

Source : ‘Blur’ Gets My Vote At Venice Immersive, Forbes, 2025/09/06 20:56:42

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