Quand la technologie perd sa route : retrouver l’humain

Famille utilisant une tablette ensemble dans un parc ensoleillé

Imaginez un outil conçu pour nous aider, mais qui finit par nous ralentir. Comme un marteau si abîmé qu’il est plus gênant qu’utile. C’est un peu ce qu’on ressent aujourd’hui face à certaines technologies. Elles étaient censées nous libérer, et pourtant, elles nous embourbent. Partant de ce sentiment, je me pose plein de questions. Alors, que faire quand on est parent, et qu’il s’agit d’accompagner les enfants dans un monde de plus en plus dépendant de ces outils devenus inaccessibles ? Comment réintroduire l’humain dans l’équation grâce à une approche de technologie humaniste ?

Quand les outils technologiques deviennent-ils des obstacles ?

Enfant frustré devant un écran d'ordinateur trop complexe

Il arrive un moment où ce qui était censé être utile devient… compliqué. Je pense à cette application que l’on utilise tous les jours, mais qui demande un effort mental pour fonctionner. Ou à ce logiciel que l’on doit réapprendre à chaque mise à jour, comme s’il changeait de sens au gré des développeurs. C’est ce sentiment d’être perdu au milieu de l’utile qui pousse beaucoup à dire : « J’arrête. »

Vous savez, ce n’est pas nouveau. L’idée que la technologie se déconnecte de l’humain est abordée par certains penseurs, comme dans l’article “Humanist IT: getting unstuck”. L’auteur y souligne que lorsqu’une entreprise rachète une autre, elle peut absorber ses outils, mais perdre ce « feu humain » qui donnait du sens à ces solutions.

En tant que parent, ça me parle. Comment voulez-vous expliquer à un enfant que ce qui est conçu pour l’aider – un jeu éducatif, un assistant vocal, ou même un simple outil de dessin – finit par le frustrer ?

Je me souviens d’un moment où ma fille voulait faire un dessin animé simple, et l’une de ces applications prétendument “faciles” est devenue si complexe qu’elle a laissé tomber. Ça m’a vraiment touché de la voir abandonner, le cœur gros. Il ne s’agissait plus de créer, mais de combattre l’outil. L’humain en a pris un coup. Cette technologie humaniste semble parfois bien loin.

Comment remettre l’humain au cœur de la technologie ?

Pourquoi a-t-on l’impression que la technologie nous échappe ? Peut-être parce qu’elle a été conçue sans nous demander ce dont on avait vraiment besoin. Comme si les concepteurs parlaient une langue différente. Et vous, avez-vous déjà ressenti cela ? Pour moi, la raison est simple : beaucoup de solutions sont pensées non pas pour le « comment on vit », mais pour « comment on utilise ». Et ce n’est pas pareil.

L’idée d’une « technologie humaniste » – où l’outil est pensé comme un prolongement de nos intentions, pas comme une contrainte – est essentielle, surtout pour les enfants. Imaginez un outil qui n’impose pas de parcours scénarisé, mais qui laisse l’enfant explorer, faire des erreurs, revenir en arrière. Ce n’est pas juste de l’usage ; c’est une philosophie : celle d’un accompagnement fluide, chaleureux, compréhensif.

C’est un peu comme une promenade en forêt. Le sentier est tracé, bien sûr, mais la vraie magie, ce sont les pauses, les petits détours pour observer une fleur, les découvertes inattendues qui font tout le sel de l’aventure.

De la même façon, une technologie vraiment humaniste ne se contente pas de proposer des raccourcis, elle respecte le temps de compréhension, la curiosité, les hésitations. Elle fait confiance à l’utilisateur – ou à l’utilisatrice – en laissant de la place pour agir. C’est là que réside la véritable technologie humaniste.

Que faire aujourd’hui pour une technologie plus humaine ?

Famille choisissant ensemble une activité sur tablette avec sourire

Alors que faire face à une technologie qui nous perd ? La première chose, c’est de se reconnecter à l’intention : pourquoi on utilise cet outil ? Est-ce qu’il nous aide vraiment, ou est-ce qu’il nous distrait, nous fatigue ? Et si au lieu de tout automatiser, on redonnait un rôle à la réflexion, à l’expérimentation ?

Pour les enfants, c’est essentiel. Leur apprendre à utiliser la technologie en conscience, c’est aussi leur apprendre à être en capacité de dire : « Ça ne me plaît pas », « Ce n’est pas clair », « Je veux faire autrement ». Cet apprentissage est très proche de celui qu’on leur enseigne dans la vie de tous les jours : reconnaître ce qui nous plaît ou non, exprimer une préférence, choisir son propre chemin.

Conseil pratique : Parfois, on met de côté un outil parce qu’il est « à la mode », sans même tester s’il nous ressemble. Et si on prenait le temps de chercher ensemble, en famille, ce qui nous parle ? Que ce soit dans les applications, les livres numériques, les jeux éducatifs ou même dans la manière d’utiliser un simple moteur de recherche ?

L’idée n’est pas de tout rejeter, mais de réapprendre à choisir – librement et joyeusement. Une approche de technologie humaniste commence par ces petits choix quotidiens.

Et pourquoi ne pas parfois éteindre l’écran pour se retrouver dans une activité en vrai ? Un puzzle, une marche en famille, une discussion autour d’un goûter, une chanson inventée… Parce que parfois, l’humain n’a pas besoin de batterie.

Quel avenir pour une technologie véritablement humaniste ?

Il serait trop facile de dire que la technologie nous éloigne de l’humain. Elle n’en est pas l’auteur, elle n’en est que le reflet. Ce qu’on lui demande – et comment – raconte ce qu’on valorise. Alors, si on veut transmettre aux enfants un usage équilibré, bienveillant, créatif, il faut redonner à ces outils le rôle qu’ils auraient dû avoir depuis le début : nous servir, sans nous asservir.

Le mouvement « humanist IT » invite à cela : créer, utiliser et penser la technologie comme une extension de l’humain, pas comme son remplacement. C’est comme ça que l’on peut préserver ce qui fait sens – et ce qui fait lien. Et ces liens, on les tisse autant dans une conversation qu’en famille, que dans le choix d’un outil qui respecte l’esprit libre de nos enfants. Cette vision d’une technologie humaniste est plus que jamais nécessaire.

Ce n’est pas un combat perdu d’avance – c’est un choix à faire. Ensemble. Chaque jour. En acceptant les erreurs, en saluant les découvertes, et en se souvenant que le vrai progrès ne va pas plus vite – il va juste mieux.

Source : Humanist IT: getting unstuck, UX Design Collective, 2025/09/06 12:38:28

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